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Traversée de la Corse : Calenzana Conca


170km
11000m
11000m

J’ai fait le choix de regrouper tous les jours sous une seule et même bannière étant donné que ce périple n’a duré que 5 jours.

Le GR20 comporte par défaut 16 étapes mais il est possible de les réduire un peu voire beaucoup comme je l’ai fait avec un peu d’organisation, un matériel adapté et une bonne condition physique.

Concernant l’organisation je dormais et mangeais dans des refuges chaque soir, ce qui me permettait d’être très léger. Je n’avais en effet qu’un petit sac d’une vingtaine de litres pour environ 3 kilos.

J’ai parcouru ce chemin en courant quand je le pouvais sur les sections les plus aisées. Il faut savoir que le GR20 est symboliquement divisé en deux parties, nord et sud. La partie nord est –comme vous le verrez sur les photos ci-dessous- très montagneuse, alors que la partie sud est plus roulante.

Néanmoins avec du recul ce fut très difficile de réussir à boucler cette traversée en 5 jours en raison de la grande distance et surtout du fort dénivelé quotidien. D’ailleurs je n’ai pas réalisé cette traversée en exactement 5 jours mais plutôt en 5 jours et demi, étant donné que je suis arrivé à ma destination finale au matin du 6eme jour.

Ce fut tout de même un défi sportif formidable, qui m’a permis de me forger mentalement étant donné qu’en cinq jours le corps n’a pas vraiment le temps de s’habituer à l’intensité physique quotidienne et que beaucoup repose sur le mental.

Si à l’avenir je devais refaire ce périple, je préférerais partir avec ma tente et prendre plus de temps. Le temps de m’imprégner des paysages, de discuter plus longuement avec des randonneurs, de me baigner dans les points d’eau qui jalonnent le parcours et de ne pas seulement courir après la montre.

Ne voyez pas là une confession d’un quelconque regret, la manière dont j’ai réalisé ce GR n’est qu’une manière parmi d’autres d’aborder les choses, ni inférieure ni supérieure, simplement différente.

Quelques infos en vrac :

- Prenez toutes les variantes sans exception. Elles sont toutes mieux que le sentier original. Elles sont souvent plus montagnardes mais en contrepartie bien plus jolies, elles font gagner du temps et chose paradoxale vous ménagent physiquement. En effet dans certaines sections du chemin standard qui évitent ces variantes, le chemin est monotone et souvent beaucoup plus long.

- Si vous voulez dormir dans des refuges il est impératif de réserver à l’avance. Le plus tôt est le mieux étant donné la forte fréquentation des établissements. D’ailleurs je n’ai pas vraiment creusé de ce côté-là mais de ce que j’ai pu brièvement voir et de ce que j’ai lu sur internet, n’hésitez pas à jeter votre dévolue sur les bergeries qui sont pléthores sur la traversée. Elles sont plus accueillantes et moins encombrées.

- Ne négligez pas la difficulté du terrain dans la partie nord et prenez votre temps, surtout si vous n’êtes que peu habitués aux sentiers de montagne techniques. Il n’y a aucune escalade pure mais il faut savoir faire preuve de dextérité et d’agilité.

- Plus vous serez légers mieux cela sera

- N’hésitez pas à prendre quelques jours pour visiter la corse après avoir achevé le GR

Ceci étant dit passons maintenant en revue plus en détail chaque étape de ce périple.

jour 1

Départ : Calenzana

Arrivée : Asco Stagnu

Distance : 24km

Dénivelé positif : 2970m

Dénivelé négatif : 1840m

Le premier jour est toujours le plus dur, mais c’est aussi le plus important. Il permet de jauger de ses aptitudes physiques et mentales et d’avoir un avant-goût de ce à quoi l’on sera confronté le reste du « séjour ».

Ce premier jour se fait au départ de Calenzana dans la pénombre du soleil levant (comme tous les jours d’ailleurs étant donné le volume horaire quotidien de marche).

Comme vous le voyez on est directement projeté dans la montagne pour ce premier jour. D’ailleurs on peut voir qu’il reste quelques névés étant donné que nous sommes encore au début de l’été. Néanmoins le chemin ne passe par aucun névé sauf à un moment en particulier dont nous reviendrons plus tard.

Le décor est magnifique et on se plonge entièrement dans la beauté de la montagne corse.

L’arrivée se fait dans la station de ski d’asco stagnu pour se reposer et boire la bière locale, la piètra. C’est une bière à base châtaigne dont le goût est prononcé. N’étant pas féru de bière à la base j’en ai quand même goûté une mais n’ai pas vraiment apprécié le goût, mais je vous invite à essayer tout de même. On ne lésine pas sur les traditions et produits locaux, c’est là aussi le propre d’un voyage.

jour 2

Départ : Asco Stagnu

Arrivée : ciottulu di i mori

Distance : 14,5km

Dénivelé positif : 1800m

Dénivelé négatif : 1260m

Cette journée fut certainement l’une des plus difficiles. Pour plusieurs raisons. Premièrement c’est le point culminant du GR (2607m). Ensuite la neige dont je parlais précédemment c’est ce jour-là où je m’y suis confronté. Les crampons n’étaient pas nécessaires mais je fus bien content de ne pas avoir eu à faire la trace que le passage des nombreux randonneurs me précédant avait marqué dans la neige. En effet passages en neige étaient souvent en devers avec une pente importante. Chute interdite. Mais avec les bâtons et un peu de prudence on s’en sort sans difficulté particulière.

Exemple ci-dessous pour que vous voyiez l’idée générale, toujours dans un splendide décor.

Ci-dessus le point culminant du GR, avec une indication vers le monte cinto, que je n’ai pas fait. Un sommet à une heure de marche aller-retour, que je conseille de visiter. Il se situe un peu plus haut que le point où la plaque à été prise en photo, à 2700m pour le monte cinto contre 2600 pour la plaque.

Bref, vous vous souvenez quand je vous disais que pour réussir en 5 jours il fallait une bonne organisation ? Et bien dans un sens la mienne était quelque peu bancale à certains égards. En effet, je n’avais pas pu réserver dans le refuge où j’avais initialement prévu de dormir.

J’ai donc dû me résoudre à réserver dans le refuge d’avant, ce qui explique la faible distance de ce jour. Distance que je devrai bien entendu rattraper le lendemain.

jour 3

Départ : ciottulu di i mori

Arrivée : Vizzavone

Distance : 44km

Dénivelé positif : 1863m

Dénivelé négatif : 2950m

Ce jour clairement le plus fastidieux tant sur le plan physique que mental. J’étais au bord de la rupture et ne suis pas passé loin de l’abandon.

Pourtant, je m’étais préparé à l’avance un chemin sur mesure avec des passages hors du GR qui ne figurent sur aucun guide mais qui sont bien présents sur les cartes. Je travaille énormément avec les cartes et peu avec les topos guides car je trouve les cartes bien plus complètes.

Ce chemin m’a permis de gagner environ 4km et 600m de dénivelé positif ce qui n’est tout de même pas négligeable.

Ca ne m’a pas empêché d’arriver complétement exténué avec des courbatures terribles qui malgré ma fatigue m’ont empêché de fermer l’œil durant la nuit.

Ce dessus le lac nino, dans un cadre idyllique qui mélange prairie et montagne dans un harmonieux ensemble.

En contrebas le lac de melo et le lac de Capitello

jour 4

Départ : Vizzavona

Arrivée : Refuge de Prati

Distance : 31,5km

Dénivelé positif : 1950m

Dénivelé négatif : 1080m

Pas de photo pour ce jour, que de la douleur. La journée terrible de la veille combinée au manque de repos durant la nuit me font souffrir. Je suis contraint de m’arrêter un refuge avant celui que j’avais pourtant réservé. C’est loin d’être l’idéal, car les refuges doivent être réservés à l’avance or je n’avais aucune réservation dans ce refuge. Je m’y résous néanmoins car c’était soit ça soit l’abandon, chose que je me refusais. Je décide d’y aller au bluff en prenant pour otage le gardien en quelque sorte car je n’ai pas de tente et ne peut donc dormir dehors.

Arrivé au refuge, le gardien peste évidemment contre moi et me promet dans un premier temps un simple matelas dans la cuisine (ce qui m’aurait convenu je n’allais pas faire la fine bouche), mais il s’est avéré finalement par je ne sais quel hasard que le refuge était loin d’être rempli donc j’ai pu dormir dans le dortoir, une bonne nouvelle pour moi.

jour 5

Départ : Refuge de Prati

Arrivée : Chalet de bavella

Distance : 34km

Dénivelé positif : 1920m

Dénivelé négatif : 2500m

Théoriquement le dernier jour mais je sais que ça va être délicat.

Ah oui vous vous souvenez quand je vous parlais d’organisation (ce n’est pas la première fois que j’écris ça, non ?), j’avais eu l’idée saugrenue de planifier mon vol retour uniquement un jour après ma théorique arrivée. En d’autres termes je dois me dépêcher si je ne veux pas avoir à payer un bras pour rentrer chez moi.

Cette journée m’a fait emprunter deux très belles variantes (officielles elles), notamment la variante des aiguilles de bavella, plutôt physique mais vraiment magnifique, avec un peu de grimpette, comme la photo ci-dessous le montre :

jour 5

Départ : Chalet de bavella

Arrivée : Conca

Distance : 17,5km

Dénivelé positif : 500m

Dénivelé négatif : 1450m

Journée très paisible pour ce dernier jour. Mon vol est dans la journée mais je sais qu’en partant tôt je n’aurais aucun problème à rejoindre l’aéroport dans les temps.

Me voici arrivé au terme de ce fabuleux périple.

Merci pour votre lecture et à bientôt sur les sentiers !