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Traversée des pyrénées : Hendaye Banyuls-sur-mer


808km
42m
42m

Si je devais résumer ce voyage je dirais bien entendu : marcher, marcher et encore marcher. Mais pas que.

Mon ami disait dans son anglais germanique “everyday something new”. Je pense que cela résume bien la situation. Quand bien même l’activité de base restait chaque jour la même (marcher), l’environnement dans lequel nous évoluions, lui, était en constant changement, qu’il fut géologique ou humain. Car en effet, chaque jour qui passait nous faisions face à de nouveaux défis différents de ceux que nous avions affronté les jours précédents.

Même si des thémes étaient récurrents, comme trouver un endroit où dormir, se ravitailler, quel passage emprunter, oeuvrer en fonction de la météo… chaque jour apportait son lot de surprises et d’imprévus.

One me demande souvent quelles sont les parties que j’ai le plus apprécié. Sur cela je dirais (dans l’ordre d’apparition)

- Passerelle d’holzarte et le sentier pour y accéder

- Le chemin de la mâture

- la montée vers le refuge d’ilhéou

- le secteur avant et après le refuge des oulettes de gaube

- le parc nature du néouvielle, magnifique

- le lac d’oô

- le plateau après le refuge de bassiès

- les étangs du Picot (magnifique !!!) et globalement les journées 30 à 34, la partie andoranne du périple, très sauvage, très minéral, mention spéciale au Pic Carlit.

- le vénérable pic Canigou

Bien entendu, c’était difficile, mais étonnament (ou non) plutôt d’un point de vue mental que physique. Le corps fait preuve d’une grande résiliance physique et bien que la douleur fut parfois extrême on finit malgré tout par s’adapter. Le plus difficile étant de résister à l’envie d’abandonner. Car oui il y a une forte propension à vouloir arrêter face à la douleur, nous n’y sommes tout simplement plus habitués dans notre quotidien. Le plus dur à ce niveau-là étant la première moitié du périple. Au bout d’un certain moment le corps rentre dans un espèce de mode où l’on est tout le temps en énergie faible, mais c’est une énergie d’une qualité remarquable, qui sort du plus profond de nous-mêmes et qui peut nous mener vers des sommets, sans mauvais jeu de mots. Et c’est je pense un point clé de ce périple comme de toute activité qui nous pousse à nos limites. C’est uniquement dans des moments extrêmes que notre vraie nature se révèle et que nous découvrons ce qui se cache réellement au fond de nous.

Plusieurs éléments m’ont marqué au cours de ce périple, qu’ils soient bien précis ou plus des impressions générales.

Premièrement la voute céleste, pure et lumineuse. Dans les villes, et plus généralement pour tous ceux qui sont déjà rentrés chez eux le soir, quand la nuit n’est pas encore tombée, nous avons perdu cette habitude de lever les yeux au ciel pour observer ces points lumineux qui illuminent le ciel nocturne. Je me rappelle de moments où je sortais de ma tente en pleine nuit et je n’avais qu’un mot en bouche “wow”. Pas seulement parce que c’était joli mais car c’était tout simplement envoutant, en raison de la multitude et de la vivacité avec laquelle les étoiles éclairaient le ciel. Ca semble assez léger dit comme ça mais personnellement c’était une sensation qui me prenait au coeur.

Ensuite l’entraide qu’il y a entre randonneurs et la gentillesse des locaux. Nous nous sommes faits plusieurs fois offrir de la nourriture, ou de l’aide. J’ai trouvé aussi amusant le fait qu’on ne soit au final jamais seul. Beaucoup de gens sont sur ces routes et on fait pleins de rencontres, qu’elle soit ponctuelle, que l’on fasse un bout de chemin ensemble ou carrément, comme dans mon cas, toute la traversée. Pour cela, les cabanes de randonneurs sont un espace très convivial où on peut discuter autour d’un feu avec de parfaits inconnus. Je ne pensais pas qu’il y en avait autant dans les pyrénées, mais en fait il y en a plus ou moins partout, qui sont certes rustiques et simples, mais qui ont le mérite d’offrir un toit et un peu de chaleur.

Et c’est un point que je voulais aborder aussi, c’est de se rendre compte de la valeur des choses. Des choses qui nous semblent usuelles, évidentes, dans la vie de tous les jours voient leur valeur se muer quand les conditions changent. Une douche chaude, un toit, un repas chaud, des draps… toutes ces choses qui nous semblent acquises deviennent un bien de luxe lorsqu’il nous les manque. Bien entendu il est facile de se rendre compte qu’il est important de dormir au chaud et d’avoir le confort que la vie moderne nous offre. Mais entre théoriser le fait de s’en priver et s’en priver vraiment, il y a un monde. Et pourtant, même après l’avoir vécu à certains moments de ce voyage (je dis certains moments car nous avons tout de même accès à des douches et des vrais lits à plusieurs reprises) il est très difficile d’accepter l’idée que ces choses sont un vrai confort. Car une fois retourné à la “civilisation” on s’y habitue de nouveau à vitesse grand V.

Et c’est un deuxième point que je voulais aborder car je le trouve intéressant c’est la mémoire des expériences. Par exemple après 3 jours sans douche, le plaisir de prendre une douche chaude était bien entendu très élevé. Mais le souvenir que j’en ai n’est qu’un souvenir imparfait. Je suis incapable de me représenter avec fidélité ce sentiment à moins de le revivre à nouveau. Tout comme la femme enceinte ne se souvient pas réellement de la douleur qui lui a dechiré les entrailles lorsqu’elle a mis à bas. Si on se souvenait avec fidélité de la douleur certainement qu’on ne voudrait jamais la revivre. Tout ça pour dire que malgré la douleur et les difficultés, je m’étonne à vouloir repartir, qui sait quand, alors qu’à de nombreuses reprises durant le périple j’étais exténué, à bout, et je n’avais qu’une envie être chez moi au chaud. Je trouve que c’est un paradoxe intéressant.

Alors maintenant quoi pour la suite ? Les 3 objectifs qui me viennent en tête sont le mythique gr20 (traversée de la corse), le grp (tour de l’andorre) et pour finir refaire la traversée des pyrénées (oui oui) mais de manière différente. Non pas par le GR10 cette fois mais véritablement par la HRP, en changeant de sens (d’est en ouest), en favorisant la montée vers des sommets mythiques des pyrénées et en s’arrêtant avant le pays basque, qui bien qu’il soit beau est long, répétitif et pas franchement montagneux.

Voici mes photos favorites de ce périple :

Hendaye et la côte basque, le pont suspendu d'Holzarte, un rouge-gorge

Le lac de kakuetta, le pic d’Ayous (2288m) et le lac gentau, le chemin de la Mâture

Le grand Barbat (2813m), une vieille voiture, vers le col d’Ilheou

Le Vignemale (3298m), vue depuis le sommet du petit Vignemale (3032m), mon compagnon de marche

Le lac de Gaube, le cirque de Gavarnie, Parc naturel du Neouvielle

Coucher de soleil au sommet du Carlit (2921m),